
Alors voilà, je me suis lancé. Vous trouverez donc sur cette page, du plus récent au plus ancien, les textes que j’écris pour participer à ce défi. Si vous le souhaitez, vous pouvez commenter, tout en bas de page, en précisant bien à quel mot vous faites référence dans votre commentaire.

JOUR 27 : MARCHE

JOUR 25 : GROSSESSE
Grossesse ?
Caroline et Flora
On dirait que j’ajouterais
Un point
Au règlement de ce défi.
On dirait
Qu’on aurait droit
A un joker
Et on dirait
Que je jouerais
Ce joker
Aujourd’hui.
Voilà
Ca y est
J’ai joué !
Ah Ah !
Joker !
A demain !
JOUR 24 : GOURMANDISE

JOUR 23 : ENFANCE

JOURS 21 et 22 : REVE et COUSSIN

JOUR 20 : ENVIE
Envie
De Te voir
Envie
De passer du temps avec Toi
Envie
De voyager avec Toi
Envie
De rire avec Toi
Envie
De manger,
De boire,
De cuisiner,
De jardiner,
De marcher,
De sortir,
De rentrer,
De dormir,
De ne pas dormir.
Envie
De réfléchir,
De chanter,
De lire,
De partager.
Envie
De nos soirées canapé
Enlacés.
Envie
De Ton sourire
De Ton rire,
De Ton bonheur
De Ton Amour
Envie
De Tes bras
Envie
De Tes lèvres
Envie
De vivre avec Toi
Envie
D’être longtemps avec Toi
En vie.
JOUR 19 : AMOUR

JOUR 18 : PROFONDEUR

JOUR 17 : IMMENSITE

JOUR 16 : AMERIQUE
Oui oui, Amérique, on va y venir, mais d’abord, faisons un petit tour par la Bretagne si vous le voulez bien.
Dès notre plus jeune âge, mon grand-père François et ma grand-mère Jeanne nous avaient appris une petite ritournelle en breton.
Phonétiquement, cela donnait ceci (essayez, vous verrez, c’est facile !)
Ann é qué brao Ann é qué brao potred
Wari coucou wari coucou
Ann é qué brao Ann é qué brao potred
Wwari coucou gant de meret.
Mais en réalité, et en vrai breton du coin, c’était plutôt ceci :
Ha n’eo ket brav, ha n’eo ket brav, paotred,
C’hoari koukou, c’hoari koukou,
Ha n’eo ket brav, ha n’eo ket brav, paotred,
C’hoari koukou gant ar merc’hed !
Et cette chanson, c’était sûrement les grands-parents de mon grand-père qui lui avaient apprise.
Une fois ceci posé, passons à l’Amérique.
Lorsque nous habitions Bordeaux, ma sœur Françoise allait à la fac d’anglais et l’université proposait de recevoir des étudiants californiens de temps en temps le dimanche. Nous avons donc reçu pendant quatre années consécutives quatre étudiants américains. Nous sommes toujours en contact avec deux d’entre eux : Woody et John.
Ils sont tous les deux venus nous voir dans notre maison de Bretagne, histoire de passer quelques jours.
John avait de la famille française, je ne me souviens pas à quel niveau, mais assez proche (une grand-mère peut-être).
Un midi, à table avec mes grands-parents, John entama la conversation avec mon grand-père et lui expliqua qu’il connaissait bien la Bretagne, car il avait une grand-mère bretonne.
— Ah bon, lui répondit mon grand-père, et tu t’en souviens bien ?
— Oh oui, elle adorait nous raconter des histoires et avant de nous coucher, elle nous chantait une petite chanson… Attendez, ça va me revenir.
Et voilà John qui se mit à chantonner phonétiquement la petite chanson que nous lui avions consciencieusement apprise le matin même. De temps en temps, il s’arrêtait, cherchait ses mots, et c’était mon grand-père qui l’aidait à continuer.
Sur le coup, mes grands parents ont marché, puis devant nos rires, se sont bien rendus compte qu’on avait monté le coup avant leur arrivée.
Pépé et mémé ne sont plus de ce monde depuis longtemps, John vit toujours dans sa Californie natale et je vais d’ailleurs immédiatement lui envoyer ce petit texte qui lui rappellera sûrement quelque chose.
Au passage, pour les non bretonnants, voici la traduction de cette merveilleuse chanson :
Oh ce n’est pas bien, pas bien, les gars,
De fricoter, de fricoter,
Oh ce n’est pas bien, pas bien, les gars,
De fricoter avec les filles.
JOUR 15 : GRATITUDE
Définition : Sentiment affectueux que l’on éprouve envers qqn dont on est l’obligé.
Alors voilà, lorsque j’ai vu ce mot là, j’ai évidemment pensé à mes parents qui m’ont donné l’éducation que j’ai reçue, et à qui je suis redevable. Mais vis à vis d’eux, c’est plus que de la gratitude que je ressens. Ceci est une autre histoire !
J’ai ensuite pensé à mes maîtres et maîtresses de l’école primaire : à Madame Arnaud, Mademoiselle Demazeux, madame Ailloux (qui couchait avec le maître de CM1 dont je ne me souviens pas du nom, je ne savais d’ailleurs même pas ce que cela voulait dire, mais je répétais ce que j’entendais), Monsieur Rattier (« Gégène penche à gauche ») qui nous foutait des baffes, et à Madame Jouclard, la directrice de l’école.
J’ai pensé à mes profs de collège et de lycée, mais pas un ne ressort du lot, pas un dont je puisse dire qu’il a joué un rôle essentiel dans ma vie.
Non, la personne à qui je vais consacrer cette histoire est certainement décédée depuis longtemps, et aussi étrange que cela paraisse, je l’ai vue une seule fois dans ma vie, l’espace de deux minutes. Et pourtant, c’est la personne à qui je dois les quarante années qui viennent de s’écouler.
C’était en 1979, j’étais alors au service militaire à Rennes et j’étais inscrit au concours de l’école normale d’instituteurs de Caen. Comme nous avions des amis dans les environs de Caen, maman s’était mise en rapport avec eux pour que je mange et dorme chez eux la veille du concours. Ce qui fut fait. Merci Jean-Paul et Christine pour votre accueil.
Le matin du concours, Christine me demanda si je savais où était l’Ecole Normale. Ne voulant ni déranger, ni passer pour un imbécile, je répondis que oui évidemment ! C’était sans compter sur mon légendaire sens de l’orientation ! Je me souviens avoir tourné dans la ville, du nord au sud, être monté à l’école normale de filles au lieu de descendre à l’école normale de garçons où avait lieu le concours. Et pendant ce temps, l’aiguille de ma montre tournait, et l’heure du début des épreuves était là. J’avais fait la route pour rien, je n’allais même pas pouvoir passer le concours…
Je ne sais pas quel hasard je finis par trouver l’école normale. 8 h 20 au lieu de 8 h00. Le temps de trouver une place pour garer mon Autobianchi, et je me décidai à aller tenter ma chance quand même, non sans avoir au préalable frotté mes mains à ma roue avant.
Je me revois ouvrir la porte du bâtiment et entrer dans le couloir. Là, un homme me demanda ce que je voulais. Je lui répondis que je venais passer le concours et que j’avais crevé en venant de Rennes d’où j’étais parti très tôt le matin. Il me répondit que hélas, c’était trop tard, que les épreuves étaient commencées et qu’il ne pouvait déroger à la règle. Je m’apprêtais à partir lorsqu’un petit monsieur en costume cravate m’interpella et me demanda à nouveau qui j’étais et ce que je faisais. Je lui rementis ce que je venais de mentir au précédent. Et il me dit :
« Allez vous laver les mains, vous allez pouvoir concourir, mais vous ne pourrez pas prétendre à plus de temps que les autres ».
Et je suis rentré passer le concours. Que j’ai eu. Et qui a entrainé trente-sept ans au service de l’éduction nationale.
Et toute la vie que j’ai eue ensuite. Y compris l’instant présent.
Ce monsieur à qui je dois une bonne partie de ma vie d’homme s’appelait Monsieur Caradec, il était directeur de l’école normale de Caen et l’organisation du concours 1979 avait été sa dernière ligne droite puisqu’il est parti en retraite aussitôt après.
Merci Monsieur Caradec, j’éprouve pour vous que je ne connais pas un sentiment affectueux et par la décision que vous avez prise, je suis et resterai votre obligé.
JOUR 14 : ORGASMIQUE
Lorsque j’ai vu ce mot, je me suis dit : que vais-je bien pouvoir écrire d’autobiographique sans entrer dans une vie privée qui, pour le coup, est vraiment privée, car c’est un mot qui fait quand même référence, en premier lieu à la vie sexuelle, qui ne regarde que moi et ma partenaire. Non mais sans blague. Autobiographique mais pas trop dans les détails non plus !
Hé bien, désolé de vous décevoir, mais je vais partir sur un tout autre registre.
Non, pas la bouffe non plus, même on me dit hédoniste ou épicurien. Même si j’éprouve un grand plaisir à manger et à boire, il n’y a qu’à voir la courbe de poids pour s’en rendre compte.
Non, je vais vous parler sport. Et de différence entre les sports. Et de cette façon, vous percevrez la différence entre plaisant et orgasmique, entre plaisir et orgasme.
Imaginez un match de foot à la télé. Tout d’abord, il faudra que ce soit un match intéressant, ayant un enjeu important pour que je le regarde. Prenons un match de l’équipe de France par exemple. Je vais le regarder avec beaucoup de plaisir, même si je conserve en arrière-goût ces histoire de fric qui pourrissent le foot. Lorsque le jeu est favorable à la France et qu’il y a des actions chaudes, je vais y montrer plus d’intérêt et manifester mon plaisir si notre équipe nationale marque, voire gagne.
Là est le plaisir.
Prenez maintenant un match de rugby de l’équipe de France pendant le tournoi des six nations. Au début du match, je suis déjà comme à la fin du match de foot du paragraphe précédent. Et au fur et à mesure du déroulement du jeu, le plaisir augmente. Nul besoin de marquer pour que je sois debout devant la télé à hurler. Il suffit d’une belle descente de trois quarts ou d’un beau déroulé d’avants pour que tout mon corps soit présent au milieu du terrain, pour aider les joueurs à franchir la ligne et déposer le ballon en terre promise.
Le rugby, c’est au-delà du plaisir.
Prenez pour terminer un match France-Angleterre, que ce soit dans le tournoi ou dans toute autre compétition. Comme hier par exemple. D’abord, je l’anticipe une semaine à l’avance, je le note sur mon agenda pour que rien ne vienne perturber cette rencontre. Et puis le matin même, je me mets en condition, j’en suis presque à compter les heures qui restent avant le début du match. J’en parle à ma femme, je fais monter le plaisir. Comme disait papa, en amour, le meilleur c’est quand on monte l’escalier derrière la dame ! Et puis ça commence et là, je passe la moitié du match en tension extrême. Je l’ai remarqué hier, j’accompagne physiquement certaines actions, par des mouvements de bras, des coups d’épaule ou des contractions d’abdos. Il y a quelques années, j’ai cassé une latte du canapé en sautant lors d’un France-Angleterre ! Et puis il y a le bonheur de la victoire lorsqu’elle arrive, le goût amer de la défaite quand c’était le cas comme hier, mais toujours l’impression d’avoir passé un bon moment. Et dans France-Angleterre, papa est toujours là, pas loin !
Vous l’avez compris : le foot c’est plaisant, le rugby c’est au-delà du plaisir, France Angleterre, c’est orgasmique.
(Depuis quelques années, lors des France Angleterre, je suis en discussion SMS avec on ami Arnaud, en live… Je vous mets en copie un extrait de notre conversation au moment où la France a marqué son deuxième essai…. Même dans mes mots, c’est orgasmique !!!)
JOUR13 : LIBERTE
C’est marrant la mémoire quand même… je vous explique.
Il y a une bonne semaine, allez savoir pourquoi, je me suis mis à repenser à un livre que j’ai lu il y a au moins vingt-cinq ans, mais impossible de me souvenir du titre. Alors je pose la question sur un groupe dont je fais partie sur Facebook.
« Je suis à la recherche d’un livre que j’ai lu il y a quelques années et que j’ai beaucoup aimé. Il s’agit de l’histoire d’un type qui refuse de partir à la guerre de 14 et qui reste dans son village. Il passe tout le temps de la guerre à construire un mur dans son champ. Tout le monde vient le voir et se moque de lui. »
Et dans ma tête, je pensais : un livre sur la folie et le refus d’obtempérer, l’insoumission.
Très rapidement, j’ai la réponse : « La grande muraille » de Claude Michelet.
Voilà, oui, c’est ça !
Ni une ni deux, j’achète le bouquin. Oh, un petit livre. Moi qui étais partie pour un pavé… quatre-vingt-une pages ! Oui 81, vous avez bien lu ! Autant dire une grosse nouvelle !
Et ce matin, vu le sale temps qui m’empêchait de sortir, je me suis lancé dans la lecture de « La grande muraille ».
Rien à voir, ou presque, avec mon souvenir.
En fait, la décision de construire le mur n’est prise qu’à deux ou trois pages de la fin du livre.
Le héros, Firmin, hérite d’un champ rempli de pierres, impossible à cultiver. Il décide d’en faire ce qu’il a envie. Et pour se prouver à lui-même qu’il en est capable, il se lance dans le nettoyage de ce champ. Autant nettoyer les écuries d’Augias, un travail aussi long qu’inutile et vain.
Firmin, part bien à la guerre, et la vit intégralement sur le front où il est remarquable et presque héroïque.
Aucune insoumission, aucune désobéissance, au contraire, il fait ce qu’on lui demande, tout en se disant qu’il conserve son libre arbitre.
Mais ce livre, au lieu d’être une ode à l’insoumission, est en fait une ode à la liberté.
Tout le village autour de lui le prend pour un fou. Nettoyer un tel champ, il faut être complètement dingue, ne rien avoir dans la tête.
Mais lui se sent libre, libre de faire ce qu’il veut, même si ça fait chier tout le monde, même si c’est pour aller dans le sens inverse du bon sens.
Il sait parfaitement que ce qu’il fait est inutile et voué à l’échec, mais il veut absolument continuer. Par respect pour lui-même.
JOUR 12 : DIVERGENCE
J’ai tellement horreur des conflits, j’aime tellement peu les engueulades que les moindres divergences me secouent les tripes.
Alors, comme je ne veux me fâcher avec personne aujourd’hui, pour éviter qu’on se prenne la tête et que ça m’empêche de dormir, voire de manger (plus grave), j’ai décidé, à l’unanimité de moi-même, de ne pas développer ce mot qui pourrait entraîner des discussions à n’en plus finir.
Je ne dis pas que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, je dis que je n’ai pas envie de m’emmerder la vie avec des disputes à n’en plus finir !
JOUR 11 : RENCONTRE
C’était un vendredi, en début d’après-midi. Nous avions prévu de nous voir le jeudi, du moins, elle avait prévenu qu’elle pouvait éventuellement venir, et puis la rencontre ne s’était pas faite. Va savoir pourquoi. Repoussée sine die comme on dit.
Alors nous étions allés manger des crêpes aux « Blés d’or » à Lisieux, un peu déçus de ce rendez-vous raté mais avec dans les yeux l’espoir de la rencontre prochaine. Car elle ne pouvait pas ne pas avoir lieu.avais donc donné mes cahiers du jour à Bruno pour qu’il les dépose à l’école, et nous étions partis tous les deux pour ce grand rendez-vous. Toute la matinée, elle avait donné des signes, des appels, des petits coups (mais non, pas de téléphone, de pied !)
Et puis, c’est à 13h20 que nous nous sommes rencontrés, que nous nous sommes vus pour la première fois.
Et depuis, c’est toujours le même bonheur à chaque fois que je la vois.
Lucile. Ma fille.
JOUR 10 : ARABESQUE

JOUR 9 : MAGIQUE
Des histoires magiques, il y en a partout. Au quotidien. Pas besoin de se mettre dans des conditions spéciales pour découvrir la magie, elle vous tombe dessus sans prévenir.
Voyez par exemple : j’ai un très bon ami breton qui habite un petit village. Il travaille dans une ferme dans la commune juste à côté, et depuis quelque temps, il n’a plus de permis de conduire (je ne sais plus pourquoi…) Il va donc travailler à pied. Deux kilomètres à peine, il n’y a pas très loin à faire. Et pour rentrer chez lui, il passe par un petit bois assez tranquille. Un petit bois rempli de fougères, de genets (qui ne piquent pas : « genet pas d’épines ») et d’ajoncs (qui piquent : « ajonc des épines », non ça ne marche pas avec ajonc…).
Et chaque jour, il lui arrive la même mésaventure : Le matin, il part, embrasse sa femme et lui dit : « A ce soir, je ne rentrerai pas tard »
Une fois sa journée de travail terminée, il va boire un petit verre avec ses copains dans le bar des sports, en face de l’église. Chez Nini ! Il prend juste un petit verre, parfois deux et c’est tout. Il dit à ses copains : « C’est bon les gars, je rentre chez moi, j’ai promis à ma femme ».
Et tous les soirs, en passant dans le petit bois, à peu près au même endroit, il entend un petit bruit venant de derrière un bosquet de genets (pas d’épines). Il s’arrête et voit sortir une bande de joyeux lutins qui l’entourent en chantant gaiement. Ils ont de longues oreilles pointues, des chapeaux couleur de genet (pas d’épine), et des chaussures en forme de fougère. Ils jouent de la musique et font beaucoup de bruit. Alors, il leur dit : « Non, non, laissez-moi, j’ai promis à ma femme de rentrer de bonne heure. » Mais rien à faire, ils chantent, ils font de la musique, ils le prennent par la main et l’entrainent dans une espèce de ronde magique et folle. Plusieurs fois, il essaie de partir, de s’échapper, mais les korrigans (car ce sont d’eux qu’il s’agit), le rattrapent et continuent avec lui cette danse jusqu’au milieu de la nuit.
Et puis soudain, comme par magie, car vous avez bien compris que c’est de magie qu’il est question ici, les korrigans s’évaporent, disparaissent et laissent mon copain seul, au milieu du bois, dans la nuit noire et avec mal au cœur et à la tête. Il a tellement dansé qu’il a la tête qui tourne, qu’il ne marche pas droit. Et quand il rentre chez lui, il essaie d’expliquer à sa femme ce qui lui est arrivé, mais les mots ont du mal à sortir, il est tellement ivre de musique et de danse qu’il lui est impossible de s’expliquer correctement.
Et sa femme n’a jamais voulu croire ces histoires de korrigans et de danse magique.
Moi, je le crois, parce que ça m’est aussi arrivé, mais moins souvent que lui.
Bon, je vous laisse, j’ai quelques courses à faire au village à côté.
Mais je ne rentrerai pas tard, promis !
JOUR 8 : IDEE

JOUR 7 : LUMIERE

Depuis ce matin, je sèche. Depuis hier soir même. Depuis que j’ai vu que le mot d’aujourd’hui était COULEUR.
Aussitôt j’ai su que j’allais faire un texte sur toi. Toi qui mets ma vie en couleurs au quotidien.
Alors j’ai commencé…
Rouge comme la couleur de ta robe le jour où nous nous sommes mariés. Rouge comme la jolie couleur que tes joues ont prises la première fois que j’ai posé mes mains sur tes hanches.
Bleu comme la couleur de tes yeux. Ou verts… Tantôt bleus, tantôt verts selon la lumière, mais si lumineux !
Jusque là c’était facile !
Orange et vert comme le drapeau de l’Irlande où nous sommes partis juste après notre mariage pour passer deux semaines, seuls, loin de chez nous. La mer, la bière, les Fish and Chips et notre amour au milieu de ce beau pays.
Violet comme la couleur des murs de notre chambre. Premier chantier du premier été de notre vie commune. Changer la couleur des murs. Ce violet qui nous va si bien, qui berce nos nuits, nos réveils, notre amour au jour le jour.
Jaune, j’ai déjà plus de mal. J’avais pensé au safran du risotto que je t’avais fait le jour où tu es venue manger à Ver pour la première fois. Ou au mimosa que tu aimes, ou au genet de notre jardin, ou aux jonquilles qui montrent leur nez au début du printemps.
Mais indigo…. Alors là, indigo… Je te jure ma douce, j’ai cherché, je t’ai même demandé ce matin : « a-t-on quelque chose d’indigo dans la maison ? », tu te souviens ? Et tu ne m’as pas beaucoup éclairé.
Alors, tu vois, mon Amour, tu es toutes les couleurs de ma vie, y compris l’indigo que je ne maitrise pas.
Et toutes ces couleurs font une douce lumière. Ta lumière.
JOUR 5 : ETOILE
« Tu as vu ? Non mais tu as vu ?
— Quoi ?
— Ben l’étoile !
— Ah l’étoile ? Ah oui, j’ai vu mais je m’en fiche complètement, je ne fais pas attention à ces choses-là, ça n’a pas d’importance…
— Mais quand même, c’est la première fois !
— Oui, mais bon, voilà, il fallait bien que ça arrive un jour. Tu sais, il faut prendre de la distance par rapport à ça, on ne peut pas plaire à tout le monde.
— Oui, mais enfin, c’est quand même marqué que l’intrigue était floue et le déroulement tiré par les cheveux !
— Bien sûr mais que veux-tu ? C’est peut-être quelqu’un de pas très intelligent. En fait, il n’a pas compris. Dans la foule des lecteurs, il y a des gens cultivés et puis des gens qui le sont moins. La culture, ça ne se décrète pas !
— C’est aussi marqué que le style était plutôt pauvre.
— C’est bon, ça suffit, tu commences à me saouler, on dirait que ça te fait plaisir ce qui m’arrive. Que veux-tu ? On a affaire à un crétin qui n’y connait rien en style littéraire. Ah oui forcément, je n’écris pas comme Môssieur Musso ou Môssieur Lévy ! Je ne vends pas deux cent mille bouquins en claquant des doigts. Ces gens-là n’ont pas de style, ils écrivent de la guimauve, alors que moi, j’essaie d’avoir un style reconnaissable. Si ce type-là est trop pauvre d’esprit pour apprécier mon style d’écriture, c’est pas de ma faute, il faut qu’il retourne à l’école et qu’il apprenne à lire vraiment.
— Pas Il, mais elle ! C’est marqué en conclusion « Je suis très déçue ».
— Ah parce que c’est une bonne femme en plus ! Tu me diras, ça ne m’étonne pas. C’est bien des trucs de gonzesse, ça ! Ah ! le niveau, je te dis pas le niveau de la nana ! Voilà, j’étais prêt à te dire que c’était un connard, mais je vais me reprendre, c’est une connasse, une sacrée connasse qui a écrit un commentaire pareil !
— Mais je croyais que ça ne te touchait pas, que tu n’y attachais aucune importance ?
— C’est bon, ça suffit, laisse-moi tranquille. J’ai autre chose à faire que de passer du temps à lire des commentaires de gens qui n’y comprennent rien ! »
Vexé. Il n’ose pas le dire, mais cet auteur est vexé au plus profond de lui-même !
Quand on écrit des bouquins, il n’est pas toujours facile de se frotter aux commentaires des lecteurs. Si le commentaire est flatteur et accompagné de cinq étoiles, voire quatre, l’auteur est content, ravi, car le lecteur a aimé. Au-dessous de quatre étoiles, le commentaire est beaucoup moins crédible et de plus en plus discutable. Quant à une étoile ou zéro, c’est systématiquement le lecteur qui est un sombre crétin et qui n’a rien compris. Pas question de se remettre en cause !
Tiens au fait, combien d’étoiles mettrez-vous à ce texte ?
Autobiographique ? Donc qui doit parler de moi ou du moins autour de moi…
Alors ce matin, ce petit mot LAINE fait remonter en moi un souvenir d’enfance.
Papa avait une caméra 8 millimètres, muette évidemment, c’était dans les années 60 ! On était loin du VHS de mes enfants ou du numérique actuel ! Et avec cette caméra, il filmait les événements importants (avec retenue quand même parce que la pellicule et le développement coutaient cher) : communions, mariages, baptêmes, et surtout les vacances !
Les vacances en Savoie, les vacances au Pays Basque, les vacances dans l’Aveyron et bien sûr les vacances en Bretagne, avec pépé et mémé !
Les sourires, les grimaces, les courses, les coucous à la caméra et papa aimait nous filmer en train de nous baigner. A Saint Quay Portrieux ! Maman avec son maillot de bain à rayures blanches et noires, mes sœurs en deux pièces qui s’éclaboussaient et nageaient têtes hors de l’eau, moi qui jouais avec ma bouée bleue ou avec la rouge, alternativement, mémé avec son maillot de bain bleu et son bonnet de bain summum du ridicule.
Et pépé ! C’est avec tendresse que je revois ce film. Mon grand-père ne savait pas nager, mais il ne voulait pas qu’on le sache. Alors il avançait jusqu’à ce qu’il ait de l’eau jusqu’’à la taille à peu près, et puis il se penchait en avant et faisait les mouvements de la brasse avec les bras. Mais en marchant évidemment !!! On faisait tous semblant de s’émerveiller devant ses prouesses nautiques, alors que tout le monde savait pertinemment qu’il avait les pieds par terre !
Et à la fin de son bain, pépé faisait un signe de la main à la caméra et sortait de l’eau. Mon grand-père avait un maillot de bain en laine. Je ne sais pas si c’était ma grand-mère qui lui avait tricoté. Il me semble qu’il était doublé, mais je me souviens de ce maillot de bain bleu en grosse laine qui mettait une éternité à sécher entre deux bains.
Je ne sais pas ce que maman a fait de ce maillot de bain après la mort de mon Grand-père ! IL faudrait que je lui demande !!!
Faire pipi sur le gazon pour embêter les coccinelles, faire pipi sur le gazon pour embêter les papillons !
C’est quelque chose que j’ai découvert quand j’étais petit garçon, auprès de mon père qui était aussi un grand adepte de la chose. Depuis, ça ne m’a pas quitté. C’est toujours le même plaisir, le même bonheur !
Me déboutonner dans un coin tranquille et à l’abri des regards histoire de ménager ma pudeur et ne pas montrer mon oiseau à qui n’est pas autorisé à le voir, que ce soit pour raison médicale ou amoureuse.
Et puis lorgner vers l’horizon, qu’il soit proche ou éloigné, prendre un air détaché et ne penser à rien. Regarder les arbres, les feuilles, les ronces éventuellement, les vaches, s’il y en a, ou les moutons, ou les chevaux. Ou un petit insecte posé sur le tronc de l’arbre qui nous fait face et qui vit sa vie de petit insecte sans s’occuper de moi. Mon passage ne changera rien à sa vie.
Ecouter les oiseaux, les bruissements autour de moi, le ronron des voitures sur l’autoroute au loin, entendre des bribes de conversation, des voix connues ou inconnues, venant de derrière moi.
Sentir tout un mélange d’effluves naturels, odeurs subtiles des habitants de ce lieu, qu’ils soient végétaux ou animaux.
C’est un moment de pure grâce où tous les sens sont en éveil.
Pisser dans la nature en regardant le ciel, un bonheur inégalé !
JOUR 2 : LA PREMIERE FOIS
La première fois que j’ai embrassé une fille, c’était en Allemagne. A Kempten en 1972. Elle s’appelait Annelise et ne parlait pas un mot de français. Nous nous étions connus dans l’auberge où je séjournais avec d’autres jeunes de je ne sais quel jumelage. Elle ne savait pas embrasser. Moi non plus d’ailleurs. Nous avions 14 ans et étions amoureux. Cette idylle a dû durer une semaine car elle reprenait le collège bien avant moi. A mon retour en France, une lettre m’attendait, portant la trace de ses lèvres au lipstick sur le verso de l’enveloppe. A l’intérieur, cinq mots : « Ich sehne mich nach dir. »*
*Je me languis de toi.
JOUR 1 : PERE
Je n’aurais pas voulu avoir un autre père que celui que j’ai eu. Il n’était pas parfait, certes, il avait ses défauts, mais il a toujours été un phare pour moi, une lumière sur laquelle je savais que je pouvais compter. Je n’ai pas besoin du jour de la Toussaint pour penser à lui, lui qui est né le jour des morts ! Il est présent chaque jour ou presque dans mon quotidien. Au détour d’une phrase, d’une expression, d’une chanson, d’un air de musique, d’un personnage historique ou littéraire.
Et chaque année, le France-Angleterre du Tournoi est une messe à la mémoire de mon père qui détestait les Anglais.
Bonjour Jean-Marc,
Félicitations pour tous tes textes! Quel travail! Je t’avoue que je ne peux pas les lire tous les jours, le rythme quotidien étant très dense.
Merci de nous avoir cités, Christine et moi, dans ton texte consacré à la gratitude! Je me souviens très bien de ton arrivée en Normandie! Un petit clin d’oeil: Je t’avais prêté un plan de Caen, et tu ne me l’as jamais rendu… Heureusement, j’en avais un 2ème…
Et je me souviens de ton stage dans mon école de Troarn! Tu étais parfait! Tu m’as même offert un album photo fait maison, sur Jean-Paul dans sa classe. J’ai été très ému! Je l’ai toujours bien sûr!!!
Pour te remercier, je t’écris une histoire vraie qui s’est déroulée dans ma classe de Troarn.
Nous étions un vendredi 13, donc j’avais organisé un débat, ce qui n’était pas à la mode en ce temps là. Le sujet en était: Le vendredi 13, porte-t-il malheur ou bonheur. La classe s’est trouvée divisée 50 / 50. Chaque enfant avait ses arguments. Peu de temps après, l’on entend frapper à la porte. Et qui entre: Monsieur Boisselier, l’inspecteur! Alors, nous entendons tous une petite voix: “Vous voyez bien Monsieur Lamirand, que le vendredi 13 porte malheur! J’ai vu un petit sourire sur les lèvres de Monsieur Boisselier…
Amitiés Jean-Marc
Jean-Paul