Chaque jour – 29 Décembre 1940 – Cobijano
Je suis Cobijano et je suis un taureau.
De chez Piedra Negras dans la lande mexicaine
Où je suis élevé pour mourir en héros.
En attendant ce jour, je vis là dans la plaine
Je broute l’herbe tendre, je bois l’eau des fontaines
Je vis comme un seigneur au milieu des chevaux.
Je suis Cobijano et je suis un taureau.
De chez Piedra Negras dans la lande mexicaine
Où je suis élevé pour mourir en héros.
En attendant ce jour, j’imagine avec peine
Le corps noir de mon père, couché là dans l’arène
Il est mort en juillet au milieu des chevaux.
Je suis Cobijano et je suis un taureau.
De chez Piedra Negras dans la lande mexicaine
Où je suis élevé pour mourir en héros.
En attendant ce jour, on vient et on m’entraine
On m’apprend à me battre, on m’enseigne la haine
Mais je préfère courir au milieu des chevaux.
Je suis Cobijano et je suis un taureau.
De chez Piedra Negras dans la lande mexicaine
Où je suis élevé pour mourir en héros.
En attendant ce jour, je cours dans le domaine
On me dit d’être fort, on me met à la peine
Alors je deviens fou au milieu des chevaux.
Je suis Cobijano et je suis un taureau.
De chez Piedra Negras dans la lande mexicaine
Où je suis élevé pour mourir en héros.
Et puis ce fut le jour, descendu dans l’arène
J’ai fait ce qu’on m’a dit, au centre de la scène
J’ai tué Alberto au milieu des chevaux.
J’étais Cobijano de chez Piedra Negras
Ma corne a déchiré Alberto Banderas
Ce jour-là, tous les deux, nous sommes morts en héros.
HISTOIRE VRAIE : Le 29 décembre 1940, dans l’arène municipale de Mexico, est mort Alberto Banderas, tué par la corne d’un taureau de 450 kilos, Cobijano de la Ganederia de Piedra Negras, fournisseur des meilleurs taureaux du Mexique. Comme le veut la coutume lors de la mort d’un torero, le taureau a également été abattu, ainsi que sa mère, ses frères, ses sœurs et toute sa descendance. Il ne fait pas bon gagner quand on est un taureau…